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Maladives pensées
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Maladives pensées
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10 avril 2005

Sang et feu de jais

Un aveugle, un vagabond
Poètes de ses nuits trahies
Errait seul et sans éclat
Son antique bure, sale d'être,
Claquait sous le déchaîné

Le soleil rouge de honte
Epiait avec force d'horreur
Ses fils bipèdes de bêtise

Guidé par l'impérieuse cécité
Notre prophète, gueux désoeuvré,
Peinais dans les gravats, éparpillés,
Qui étoilaient la rue fracassée
Grouillante d'hères ahuris

La lune gisait là haut
Dans le gris sphérique
Catafalque nécrophage
Où s'avilissait sa ruine

Et alors que le tambour
Résonna sourd et vibrant
Elle devint sang
L'astre fut ténèbres
Les grouillants s'affolèrent
Les crissements rocailleux
Aggravait le sombre grondement
La terre fut désarçonée

La cécité s'agita
Et proféra, accablée,
Dans un souffle tonitruant
"Et vidi cum aperuisset
Sigillum sextum et terraemotus
Factus est magnus
Et sol factus est niger
Tamquam saccus cilicinus
Et luna tota facta
Est sicut sanguis !"

Les hautes tours basaltiques
Nécropoles de verre
Chutèrent dans la terre
Le feu en lames éparses
S'irisa dans les méandres urbains
Ramifications obscures et rongées
Et les étoiles s'écartelèrent
En autant d'averses de sang
Rongeant la chair et l'os
Que de terribles complaintes
Alors que les hordes
Affreuses d'inhumanité
Priaient leur sanctifié
La terre affamée
S'ouvrit sous leurs âmes
Et ils tombèrent

Les déchaînements continuaient
Le vent enrageait au creux de la faille
La ville atroce de superbe
Devenue cendre et pierre
S'écroulait sur ses agneaux

Les vampires de leurs ailes de jais
Tournoyaient dans l'embrasure
Du dôme céleste frappé, extatique,
Ils se posaient dans les décombres
Et faisaient perler le vermeil
Du cou inerte de leur victime
A leurs délicieuses lèvres délicates

Le vagabond arrêtant sa prophétie
Souleva un macchabée agonisant
Et lui enfonça brutalement
Ses crocs aiguisés, livides de jaune
Arrachant les tissus encore chauds
Puis il but longuement
A la source jaillissante
De ce presque mort

Dans le ciel occulté
Une rouge figure
D'un tonnerre crevant
Apparut, nue et limpide,
Ses cornes aussi noires
Que ses ailes déplumées
Décharnées d'humanité

Arrogant, il posa sabots
Dans la rue aux murs effondrés
Où s'abreuvait l'aveugle

Celui-ci, repus et serein,
S'avança, avec la droiture
Et le soin méticuleux
Des fanatiques étriqués
Il mit son genoux noueux
Sur le sol jonché
De cadavres fumants
Devant son Diable
Et finit par éructer
Prophétique litanie,
Son ultime verset
Son ultime félonie
"Quoniam venit
Dies magnus
Irae ipsorum
Et quis poterit
stare !"

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