Sentiment épars
Je viens cracher un de mes tours aigris
Où mon amour a pour muse attendue
Une paire d'yeux lacérant mes tripes
Avec une délicatesse de coupon de soie
Bien que cette double unité
N'éprouvent rien de plus
Qu'un soupçon d'amitié
L'amour n'est ni tout blanc ni tout vert
Il est vague écumante, lame étirée
Sur le lichen verdi de nos passions
L'amour n'est ni tout bleu ni tout rouge
Il est violet et pourtant fleur
Rose ou autre maladive de notre jeunesse
Qui s'en ira demain, dès le crépuscule
Ses enfants s'appellent
Destruction enragée
Et larme sacrifice
Il vole non loin de toi
Brune dans la brume de mes chagrins
Jour, nuit et tempête
Exhumant ton parfum, ton arôme
D'un songe aussi fugace qu'irréel
Quand tu me dis que je dors
J'invente ta main qui s'agrippe à la mienne
Et j'emprisonne tes yeux
Vibrant dans ma poitrine inerte
Pour combler le vide intense
D'un coeur que je t'ai donné
Mais bientôt je le sais
Tu iras sombre
Et moi j'irai obscur
Sous les étoiles familières
De nos souvenirs éphémères
Et nul ici ne saura
Que nous nous sommes aimés
Jolis yeux ne croyez pas
Ce que je pleure
Mes sanglots ne sont
Que simples mots
L'espoir repose peut-être
Sur une de vos épaules
Alangui et amoureux, un peu
L'amour est un p'tit bonhomme
Qui se capture parfois
Dans les chants muets
D'un soleil bouffi roussi
Ou bien d'une lune encerclée
Je le regarde dans l'arbre
Je le poursuis, le conserve et le garde
Pour qu'en vain ne sèchent mes larmes
Aux langueurs ocres et vertes du drame
Créé dans mon imposture
Qui deviendra -sait-on jamais- vérité posthume
Mais lui, dans son arrachante posture
Il me hait pour mon égoïsme
Avec l'âpre colère de l'escroc floué
Il m'insulte et m'éparpille
Me fracassant en un fatras d'inanité
Pour que je me renie sans éternité
Sait-il seulement que je vous aime ?